Le barbare érudit

Je mange du phoque cru avec mes mains en lisant du Baudelaire.

Archive for the ‘Littérature’ Category

Mon corps une toile : courte mise à jour

leave a comment »

Une simple photo prise en mars. J’aime le rendu.

IMG 1406

Merci à Jennifer pour la photo! Elle est magnifique!

Written by Le barbare érudit

30 mars 2015 at 22 10 09 03093

Publié dans Général, Littérature, Ludique

Sous la brume

with one comment

En regardant dehors ce matin, une brume épaisse couvrait le village. Un voile qui ne laissait voir ni la mer, ni la forêt. La mer envahissait Natashquan de la même façon qu’on attend les fantômes.

La première strophe du spleen de Baudelaire s’est imposé à mon esprit.

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;

Certains sacrifices sont parfois plus difficiles que d’autres. Et on s’interroge sur les raisons qui nous poussent à les faire. Les milles raisons qui se bousculent dans mon esprit ne sont au fond que de plates excuses.

Written by Le barbare érudit

15 septembre 2014 at 18 06 09 09099

Mon corps une toile

with 4 comments

C’est un projet auquel je réfléchis depuis des années. Seulement, comme il s’agit d’un projet aux conséquences irréversibles, je voulais être certain que je ne regretterais pas mon choix une fois celui-ci fait.

Je voulais transformer mon corps, mon dos, plus particulièrement, en toile pour un tatouage. Je vous raconte ce projet que j’ai maintenant littéralement dans la peau!

Vous savez tous que j’aime la littérature et particulièrement la poésie. De nombreux articles touchent ce sujet sur mon blogue. Mon projet s’articule autour du poème Une charogne de Baudelaire. C’est un poème que j’adore pour deux raisons. La première, c’est le contraste entre la beauté de la langue utilisée et l’horreur décrite avec une précision chirurgicale. Les descriptions de ce corps en décomposition donnent des haut-le-cœur et on n’a aucune peine à imaginer la « carcasse superbe » ainsi que la puanteur qui s’en dégage.

La seconde raison, c’est le thème de l’immortalité des idées et des œuvres. Sans en faire une analyse profonde, il est clair qu’à la fin du poème, Baudelaire croit que, malgré la finalité de la vie, celle-ci se renouvelle en un cycle continu. Les idées, elles, sont éternelles.

Je cherchai donc sur internet les meilleurs endroits où se faire tatouer à Montréal. C’est finalement sur le studio de tatouage Imago que je jetai mon dévolu. En juillet 2013, je m’y rendis pour discuter de mon projet avec un des tatoueurs de l’endroit. C’est là que je rencontrai Greg Laraigné. Je lui présentai mon projet et mes idées

La première idée que j’avais pour ce projet était de me faire tatouer le poème au complet dans le dos. J’imaginais alors me le faire tatouer en deux colonnes bien droites de six strophes chacune avec le titre du poème centré au-dessus de ces dernières.

Greg me convainquit rapidement qu’un bloc de texte aussi massif vieillirait mal et qu’à la longue, je regretterais ce choix. Malgré une première « déception », il était clair que mon projet intriguait et intéressait Greg grandement. Il me répéta à quelques reprises d’ailleurs que ce poème l’inspirait.

Il y avait donc de l’espoir. Je dormis sur ses sages conseils et lorsque je retournai le voir une semaine plus tard, une nouvelle idée avait pris forme. Nous illustrerions le poème.

Le dessin serait une interprétation libre du poème. À force de discuter de la chose, nous en vînmes à nous entendre sur la forme suivante. La première strophe du poème serait tatouée dans le haut de mon dos, mais les derniers mots du dernier vers de cette strophe s’effaceraient lentement pour laisser place à l’illustration. Cette dernière couvrirait tout mon dos.

Dès le départ, j’expliquai à Greg que le projet prendrait du temps. Étant donné les conditions particulières dans lesquelles je vis, il me serait impossible de venir le voir régulièrement en cours d’année scolaire. Nous devrions donc nous voir essentiellement l’été et, si le temps le permettait, durant le congé de Noël. Je pris donc plusieurs rendez-vous avec lui, un en janvier 2014 et trois autres en juillet.

C’est en janvier 2014 que je me lançai dans ce projet à corps perdu. Sans jeu de mots idiot. Lors de cette première séance, Greg me montra d’abord le texte et une première ébauche du dessin. J’avoue avoir été très impressionné par ce que Greg me montra.

Le poème s’ouvre avec une superbe lettrine de style gothique, très romantique, même, et se poursuit avec une calligraphie soignée, mais sobre. Comme prévu, le dernier vers s’efface lentement jusqu’à ce que le dernier mot, « cailloux », en devienne presque illisible.

Dos texteL’effacement du dernier vers n’est pas encore visible sur cette photo prise immédiatement après la séance de tatouage.

Detail lettrinePar contre, on voit bien le détail de la lettrine.

J’ai eu plusieurs mois pour me remettre de cette première expérience. En effet, mon prochain rendez-vous n’étant prévu qu’en juillet 2014, mon corps eut amplement le temps de guérir.

D’ailleurs, je pris trois rendez-vous en juillet 2014 afin de faire progresser mon projet avec diligence. Je me doutais que la somme de travail nécessaire à mener à terme ce projet s’annonçait importante. Comme il faut laisser au moins deux semaines de guérisons entre chaque séance, je devais y aller au début, à la mi et à la fin de juillet.

Au début juillet, je revins donc voir Greg pour poursuivre le travail. C’est là qu’il me montra le dessin tel qu’il allait me le tatouer dans le dos. Magnifique! Il rendait d’excellente façon l’opposition entre la beauté et l’horreur, entre la vie et la mort. C’est donc tout le dessin, d’un trait, qu’il allait me tatouer. Cette séance dura 5 heures. Le résultat parle de lui-même!

Dos ligneOn voit maintenant clairement le dernier vers qui s’efface lentement sur le dessin. Eh oui, il y a beaucoup de lignes ici…

Lors de mes deux rencontres suivantes, à la mi-juillet et à la fin, on ne ferait que des ombrages afin d’accentuer la profondeur et les détails du dessin. Durant la première de ces deux séances, Greg s’attarda à la moitié gauche de mon dos.

Dos shade 1Bien que l’ombrage apparaisse rouge, il n’y a aucune couleur dans le tatouage. Le rouge, c’est ma peau qui réagit…

Ensuite, lors de la dernière séance, il s’attaqua à la moitié droite.

Dos shade 2

Ce qui ressort clairement maintenant, c’est que le dessin est beaucoup plus riche, texturé, il y a de la profondeur et le dos est davantage rempli. Non, le travail n’est pas terminé. Oui, il y aura de la couleur. Et il reste un certain nombre d’éléments à ajouter. Entre autres, il y a le visage de la femme qui restera probablement caché par ses cheveux.

C’est une œuvre qui progresse et, qui est loin d’être terminée, mais qui déjà a fière allure! En tout cas, j’en suis très fier.

Surtout, c’est une œuvre qui n’aurait jamais vu le jour sans la complicité et les précieux conseils de Greg, mon tatoueur. Bien que j’eus l’idée de ce tatouage, je ne possède ni le talent ni les compétences pour le réaliser. C’est donc une idée que mon tatoueur a réussi à articuler dans la réalité.

Je tenais à le souligner et à attirer l’attention sur son travail.

Written by Le barbare érudit

18 août 2014 at 21 09 27 08278

Publié dans Général, Littérature, Ludique

Un nouveau projet

with one comment

Je lance un nouveau projet. Un blogue où je citerai des livres que j’ai lus ou que je lis en ce moment. Des citations hors contexte, en français et en anglais.

Si ça vous dit d’y jeter un coup d’œil, ça s’appelle Out of Context/Hors contexte.

Written by Le barbare érudit

17 novembre 2012 at 12 12 41 114111

Publié dans Littérature

Citation du jour

leave a comment »

Trouvé sur Cyberpresse. Tout simplement génial!

Deux heures c’est du fast food. Dans ma vieillesse, je veux faire des films bon marché mais extrêmement longs. Je rêve de faire un film très très malpropre avec beaucoup d’information que vous ne voulez pas savoir. Je lis des livres en ce moment et je reçois tellement d’information que je ne veux vraiment pas savoir. Et c’est un tel plaisir, parce que quelqu’un s’est posé comme dictateur. Je lis Proust et il me prend par la main et m’amène dans ce monde. Et c’est vraiment ce que je crois qu’un bon réalisateur ou artiste peut faire; vous prendre par la main et vous conduire quelque part où vous ne voudrez pas normalement aller. Et c’est là bien sûr que votre vie et votre univers prend de l’expansion.

Written by Le barbare érudit

8 septembre 2011 at 8 08 24 09249

Publié dans Cinéma, Littérature, QOTD

Dans la pile

with one comment

J’ai mis plusieurs titres dans la pile « à lire » pour cet été. Laissez-moi vous les présenter.

J’ai envie de commencer avec Gardens of the Moon de Steven Erikson. Il s’agit du premier livre de la série Malazan Book of the Fallen. C’est une œuvre difficile qui demande une lecture attentive. On ne nous tient pas par la main. Erikson nous fait entrer directement dans le feu de l’action et c’est à nous de travailler et de faire les liens afin de comprendre comment fonctionne cet univers fantastique complètement différent.

Le second livre dont je vais vous entretenir est The Dreaming Void de Peter F. Hamilton. C’est un livre qui s’inscrit dans l’univers du Commonwealth de l’auteur. L’intrigue se situe plusieurs centaine d’année après les événements des romans Pandora’s Star et Judas Unchained (excellent au demeurant!). Beaucoup moins exigeante que le livre précédant, cette œuvre demande quand même une certaine attention considérant le nombre important de personnages y évoluant.

On change de registre. The Moral Landscape de Sam Harris est un essai des plus intéressants sur le sens moral et sur une compréhension scientifique et raisonnée de l’éthique. L’approche de Harris est ici novatrice en ce sens qu’il s’interroge sur l’origine de la moralité chez les humains. Évidemment, Harris étant un athée convaincu, il évacue très efficacement la notion chrétienne et religieuse de la moralité.

Terminal World de Alastair Reynolds est le quatrième livre sur ma liste. Un auteur que j’aime beaucoup, Reynolds sait bâtir des univers absolument gigantesques avec des idées qui sont hors normes et un réel talent de conteur. Dans ce livre, une énorme ville étagée sert de toile de fond à une intrigue centrée sur la découverte d’un ange, un habitant des strates supérieures qui s’est écrasé dans un étage plus bas.

Finalement, le dessert! Embassytown de China Miéville. Probablement mon auteur préféré. Je vous ai déjà parlé de lui avec The City and the City. Ici, pour la première fois, il sort des sentiers qu’il a l’habitude de fréquenter, le fantastique, et s’attaque à la science fiction. Je suis très intéressé de voir comment Miéville s’y prendra pour aborder un genre dont il est si éloigné normalement. Mais surtout, j’ai hâte de le voir y mettre sa touche stylistique unique. Ça s’annonce particulièrement intéressant!

Written by Le barbare érudit

27 juin 2011 at 11 11 04 06046

Publié dans Littérature

Poésie et science, what’s not to like?

leave a comment »

La poésie est-elle soluble dans la physique?

Deux de mes sujets préférés : la poésie et le science unis pour notre plus grand bonheur!

Written by Le barbare érudit

2 mars 2011 at 19 07 53 03533

Publié dans Général, Littérature

Cent livres

with 4 comments

Et si tous les Canadiens écrivaient à Harper un peu à la manière de Yann Martel et lui faisaient parvenir un bouquin, un seul, leur préféré…

L’idée m’est venue ce matin alors que je lisais Manon Cornellier du Devoir qui, dans une lettre ouverte à Stephen Harper, revenait sur cette incroyable aventure entreprise par Martel le 16 avril 2007 avec le livre La mort d’Ivan Illitch de Tolstoï.

Pour ceux qui ignorent de quoi il est question ici, je cite le site de Martel afin de vous éclairez :

Tant que Stephen Harper sera Premier ministre du Canada, je promets de lui envoyer par la poste, un lundi matin tous les quinze jours, un livre réputé faire épanouir la quiétude. Ce livre sera dédicacé et accompagné d’une lettre que j’aurai écrite. Je ferai fidèlement rapport, sur le site http://www.quelitstephenharper.ca , de chacun des livres, de chaque dédicace, de chaque lettre, et de toute réponse que je pourrais recevoir du Premier ministre.

Pendant près de quatre ans, Martel a envoyé au premier ministre Harper un livre toutes les deux semaines accompagné d’une lettre. Et toutes les lettres se retrouvent sur son site web.

Martel a choisi de mettre fin à cette aventure après 100 livres dans une lettre où il explique les raisons de cette décision. Je vous invite fortement à lire cette ultime lettre remplie de passages essentiels.

Je vais donc le faire. Je vais donc envoyer un livre à Harper, un seul, et je vous invite à le faire aussi. Peut-être que ça ne changera rien. Sûrement que ça ne changera rien. Et au fond, je ne le fais pas vraiment pour Harper, je le fais pour moi.

P.-S. Harper n’a jamais répondu à Martel. Pas une fois.

Written by Le barbare érudit

28 février 2011 at 13 01 30 02302

Je ne veux pas l’oublier!

with 3 comments

Ma citation du jour. Très puissante.

Our language can be seen as an ancient city: a maze of little streets and squares, of old and new houses, and of houses with additions from various periods; and this surrounded by a multitude of new boroughs with straight regular streets and uniform houses.

— Wittgenstein, dans Philosophical Investigation

Written by Le barbare érudit

20 août 2010 at 7 07 59 08598

Publié dans Linguistique, Littérature

La vie de l’art

with 7 comments

Je me souviens de mon enseignante de français en 5e secondaire, à St-Joseph de Beauce, pas de son nom, ni même de ce à quoi elle ressemblait, mais de ce qu’un jour elle nous expliqua à toute la classe. Elle abordait le thème de la culture et des œuvres d’art. Ces mots sont restés gravés à jamais dans ma mémoire. Ils ont à jamais modifié ma façon de voir et d’apprécier l’art. Je ne saurais dire combien d’élèves ont été touchés par ses paroles ce jour-là, peut-être suis-je le seul, peut-être tous, je n’en sais rien, mais je sais que ce qu’elle a dit est maintenant une partie intégrale de ma personnalité.

On dit qu’un jour, un prof va nous marquer, qu’il changera à jamais le cours de notre vie. On dit que ça n’arrive qu’une ou deux fois. Pas plus. Mais que chacune de ces rencontres transcende notre vision du monde et fait de ce voyage un moment unique qui nous marque pour la vie. J’ai connu deux de ces moments. Celui dont je parle maintenant et un second, alors que j’étais au cégep, dans un cours de philosophie. J’y reviendrai peut-être un jour.

Mais celui-ci est, de loin, celui qui m’a le plus marqué. Voici ce que cette enseignante nous a dit. L’art doit se comprendre en trois phases : la précréation, la création et la recréation. Chacune de ces phases est essentielle et participe du processus créatif. L’œuvre existe par et pour elle-même en dehors de la volonté de son créateur. Et ces trois phases en font foi.

La première phase, la précréation, représente toute la partie de gestation de l’œuvre dans la tête de son créateur. C’est l’ensemble de sa réflexion, les idées, les brouillons, les notes, tout ce qu’il couche sur papier ou autrement avant la création à proprement parler. Cette phase peut durer quelques minutes ou toute une vie. Tout dépend de l’artiste et de son niveau d’inspiration.

La seconde phase, la création, représente le moment où l’artiste fixe ses idées en un tout ordonné et qu’il procède à la réalisation de l’œuvre. On pense à l’auteur qui écrit chapitre après chapitre de son roman, ou encore au sculpteur qui façonne la pierre pour en extraire une forme essentielle et magnifique. On voit le musicien en studio qui enregistre la version définitive de sa toute dernière création. Il est d’ailleurs facile de voir qu’il peut y avoir un aller-retour constant entre la phase de précréation et de création alors que le processus de gestation se poursuit et que la réalisation se raffine, se précise et évolue tout au long de cette création.

La troisième phase, la recréation, c’est le moment où l’œuvre prend vie indépendamment de son créateur. C’est lorsque l’œuvre, achevée, rencontre les admirateurs, ceux qui vont justement la voir, l’apprécier, la recréer, la réinventer, l’interpréter à leur façon, selon leur propre expérience, leur vécu. C’est cette troisième phase qui me fait dire, plus haut, qu’une œuvre existe pour elle-même et n’est plus soumise aux diktats de son créateur.

C’est aussi la force de l’art de nous proposer un objet qui peut prendre tous les sens possibles en fonction de celui qui l’apprécie. Ceci s’oppose radicalement à la science, par exemple, où tout est mis en œuvre pour que l’interprétation des « créations » soit toujours la même, peu importe qui y est exposé.

Toutes les formes d’art s’équivalent à l’exception de deux : la musique et le théâtre. Je m’explique. Prenons un roman. Ou un poème. Ou une peinture. Dans tous ces cas, une fois l’œuvre créée, elle est fixée définitivement et il y a un lien direct entre son créateur et son « consommateur ».

Mais prenons le cas de pièces musicales et théâtrales. Dans ces deux cas, il y a un aspect performance, une couche intermédiaire si on veut, qui vient se placer entre le créateur et le « consommateur » et cet aspect fait en sorte que chaque performance est une occasion d’adapter, de réinterpréter l’œuvre sous un nouveau jour, d’une nouvelle façon.

Ainsi, tout amateur de théâtre vous le dira, voir une pièce le soir de sa première et le soir de sa dernière, c’est être témoin d’une évolution de l’œuvre dans le temps et qui apporte un point de vue fort différent sur la création. La création n’est pas fixée, elle est vivante, mouvante, et c’est ce qui la rend encore plus intéressante.

J’aime la musique classique. Une pièce en particulier. Le sacre du printemps de Stravinsky. J’en possède au moins cinq interprétations différentes. Chacune d’elle me fait apprécier cette pièce d’une manière différente et me fait entendre la « vision » d’un chef d’orchestre qui diffère de l’idéal que je me suis construit de cette œuvre.

Cette particularité de la musique et du théâtre n’affecte en rien les trois phases du processus de création puisque, ultimement, l’œuvre sera de toute façon recréée par son « consommateur » lors de la performance. Elle ne fait qu’en accentuer l’importance en la retardant. Pour notre plus grande jouissance!

Written by Le barbare érudit

13 août 2010 at 20 08 46 08468