Le barbare érudit

Je mange du phoque cru avec mes mains en lisant du Baudelaire.

Un gros navire

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Le soleil s’acharne sur la toundra lui faisant ressentir la douleur de ses rayons qui frappent sans relâche le sol. Nous sommes dimanche et c’est ma dernière journée au Nunavik.

Demain, lundi, je quitte Kuujjuaq pour me diriger vers Montréal le temps de profiter de quelques semaines de vacances entre ces deux emplois, celui que je laisse derrière moi et celui qui m’attend. Je repense à des collègues qui ont emprunté le même chemin que je m’apprête à suivre et qui l’ont fait le cœur lourd de souvenirs qu’ils ne désiraient pas abandonner. Je devrais ressentir ce sentiment de nostalgie, mais non. Il n’en est rien. Je pars le cœur léger, serein, ma décision est prise et je n’ai pas besoin de l’assumer, elle va de soi.

Le 11 août je prendrai la direction de Natashquan. C’est là où j’irai planter mes pieds pour un an, peut-être davantage, je n’en sais rien pour l’instant. On a bien voulu de mes services pour prendre la relève d’un confrère qui, après plus de dix ans, prend une retraite que j’imagine pleinement méritée.

C’est le nouvel emploi qui m’attend. Directeur des écoles Notre-Dame-des-Anges de Natashquan et Notre-Dame-de-Grâce d’Aguanish. Deux écoles qui couvrent de la maternelle à la troisième année du secondaire. Avec un total de moins de 100 élèves, je ne me sentirai pas trop dépaysé par rapport à ce que j’ai vécu à Quaqtaq…

Pourquoi changer d’emploi ? C’est la question qui revient le plus souvent. Une commission scolaire, c’est un gros bateau et tous les employés en sont les rameurs. Lorsque j’ai regardé par-dessus bord récemment, je n’ai pas eu envie d’aller là où le bateau se dirige. Comme je ne peux m’attendre à ce qu’un navire change de direction pour un seul individu, j’ai choisi de changer de navire et d’aller ramer ailleurs. J’ai un an pour tenter ma chance et voir si ce nouveau navire me plaira davantage et si la destination me convient mieux.

Ça sera donc à suivre à partir du 12 août !

Written by Le barbare érudit

22 juin 2014 à 14 02 33 06336

Publié dans Général, Vie boréale

8 Réponses

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  1. Eh bien! Eh bien!
    Voilà toute une nouvelle… Une nouvelle aventure auprès d’une autre culture. J’ai bien l’impression que ton séjour sera de longue durée, connaissant ton goût de l’expérience culturelle. Certes, ce ne sera plus sous l’entente de la Baie-James, mais bel et bien localement et les avatars liés au ministère des affaires autochtones du gouvernement fédéral.
    J’ignore si tu as déjà vu la télé-série: « Le huitième feu ». Elle porte justement sur ces différentes premières nations à travers le Canada et les écarts-types entre ces différentes nations autochtones. Très excellente série.
    En terminant, je te souhaite «BONS VENTS» dans cette nouvelle aventure, tout comme se le souhaitaient nos ancêtre de France qui partaient vers nos rives avant la traversée de la mer océane.
    Au plaisir de te lire dans ce nouveau sentier

    Amitiés !

    André Dauphin

    André Dauphin

    22 juin 2014 at 15 03 05 06056

    • Merci André. Tsé, même si une bonne partie de la population étudiante des écoles dont je serai responsable est Innue, il ne s’agit pas de l’école Innu de la communauté autochtone, mais bien de l’école québécoise. Donc je devrai d’abord et avant tout répondre aux exigences du MELS en ce qui concerne la réussite des élèves.

      Mais ça, c’est une histoire à suivre en temps et lieu…

  2. Natashquan provient du mot innu-aimun Nutashkuan qui a pour signification exacte « là où l’on chasse l’ours »
    Le mot montagnais akuannis aurait pour sens castor qui prend une gueulée de terre ou de vase au fond de l’eau et va la déposer sur sa cabane.

    Bozappa

    22 juin 2014 at 16 04 21 06216

    • J’ai tout à apprendre de cette langue. Mais si je me fie à l’apprentissage que j’ai fait de l’inuktitut, je ne me fais pas d’illusion sur ma capacité à l’apprendre…

  3. Un bel endroit où je retournerais n’importe quand. Une anecdote que j’aimerais partager avec toi.

    À Natashquan, j’ai laissé de côté le village «blanc» pour aller du côté de la «réserve». Question de prendre une petite pause, j’ai stationné ma voiture sur le bas-côté de la route. Quand est venu le temps de redémarrer, j’ai réalisé que ce bas-côté était en fait du sable fin et que mon auto s’enlisait à chaque tour de roue. Comme je suis un conducteur prudent, j’ai (hiver comme été) une pelle et des «Traction Aid» dans le coffre de ma voiture. On ne sait jamais…

    Mais rien n’y fit. Finalement, deux Innus, qui devaient rire dans leur barbe, sont venus avec leur gros Ford F-150 me sortir de là. Je ne comprenais pas un mot de ce qu’ils disaient, eux non plus, mais on se comprenait. Des sourires, des poignées de main.

    Voilà. Ça et la beauté des lieux, la chaleur de l’eau (si, si…), le seul pont du village (à une voie) et le fait qu’il n’y avait plus de pain au seul dépanneur du coin avec deux jours…

    Bonne aventure, cher barbare!

    le prof masqué

    22 juin 2014 at 17 05 05 06056

    • Merci!

      J’ai effectivement très hâte de m’installer là-bas. J’ai bon espoir de m’y intégrer avec un certain succès. Il faut dire que l’isolement, le contact avec les autochtones, le climat, tout ça, ce ne sont pas des choses avec lesquelles je ne me sens pas familier. J’ose croire que mes quatorze années passées au Nunavik m’y auront préparé au moins un peu!

  4. Salut le Barbare,

    Vient me voir de temps en temps, chu pas sorteux! 😀

    Julius Nonna Frans

    18 juillet 2014 at 15 03 28 07287

  5. […] vous le savez si vous avez lu mon blogue à quelques reprises, j’ai vécu au Nunavik durant 14 ans. Dire que ma vie a été influencée par ce séjour est un euphémisme. On ne passe pas 14 ans de […]


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